
Samedi 24 septembre à 10h, 1595 coureurs prennent le départ
des 100km de Millau.
Mais l'aventure ne débute pas là. Quelques mois plus tôt,
quatre CAPSistes qui avaient décidé de tenter le défi commencent la rude
préparation vers la 45e édition de cette épreuve mythique. Séverine, Tom, Marco
et Marcel accumulent jusqu'à 5-6 séances par semaine et 120 kilomètres
hebdomadaires. C'est long. Parfois ça coince, ça grince. Souvent ça doute. Si
Marcel et Marco sont rompus à ce genre d'épreuves, Tom n'en est qu'à sa 2e tentative et Séverine, chouchoutée par tout
un groupe, n'a jamais dépassé 49 km en compétition.
Le jour J approche. Les derniers jours ne sont que repos et
préparatifs. Vendredi 23 septembre 9h30, deux coureurs (Tom et Séverine) ainsi
que cinq accompagnateurs et amis prennent la direction de Millau en minibus.
Marcel, en provenance d'Espagne, et Marco sont déjà sur place. A l'arrivée à
Millau en milieu d'après-midi, on se hâte vers le bien nommé Parc de la
Victoire pour récupérer les dossards. L'ambiance y est festive, un marché de
producteurs étant le passage obligé à l'accès à la salle dans laquelle se
déroulent les formalités d'accueil et théâtre de l'arrivée de la course le
lendemain.
Malheureusement, bien qu'une nuit sépare nos quatre coureurs
du coup d'envoi de la course, Marcel estime à 99% ses chances de ne pas prendre
le départ, faute à une douleur apparue récemment et l'empêchant presque de
marcher. Rien n'explique cette malchance : sa préparation s'est très bien
passée et sa confiance est à son maximum. Philippe, son accompagnateur,
épaulera Marco, venu initialement sans personne. Sa préparation matérielle des
dernières heures s'en trouve modifiée.
La nuit est tombée. Nous sommes onze à nous attabler,
l'ambiance est détendue, le dîner est évidemment placé sous le signe de
l'humour (ceux qui y étaient se rappelleront les fous rires au sujet des
meneurs d'allure). Direction dodo, demain vers 8h30, nos quatre (trois?)
champions se rendront vers la zone de départ. Magalie, Philippe et Olivier se
rendront, eux, à Aguessac, au km 7 pour soutenir, toute la journée durant, leur
coureur. Ghislaine, Sylvie, Annick et Maryvonne viendront les supporter en
différents points du parcours au gré des routes laissées accessibles par
l'organisation.
C'est l'heure du réveil. La nuit n'a pas fait de miracle.
Marcel ne prendra pas le départ. Dépité, il ne se rendra même pas au départ,
soucieux de ne pas en rajouter à sa déception. Séverine, Tom et Marco se
préparent activement sous les yeux inquiets et admiratifs de leurs huit
accompagnateurs. Les panières, sacoches de vélo et/ou sacs à dos des trois
VTTistes sont désormais prêts. Il est 8h40, nos trois coureurs prennent la
direction du départ, seuls avec leurs inquiétudes et avec l'idée de commencer
ce 100 km prudemment. Le départ est donné à 10h. 10h20, les VTTistes ont
rejoint le long cortège d'accompagnateurs et patientent tranquillement à
Aguessac. Les premiers coureurs passent, et devant la densité du peloton, le
stress de ne pas repérer son coureur nous envahit raisonnablement. Mais Marco,
puis Séverine et Tom apparaissent.
Les binômes se forment alors. Philippe accompagne Marco.
Quelques instants plus tard, Magalie et Olivier sont rejoints par Séverine et
Tom. Le peloton est conséquent et encore très compact, on essaie de
s'organiser. Comme convenu, nos coureurs ne s'arrêtent pas aux premiers
ravitaillements, nous laissant le soin de leur rapporter divers aliments salés
et sucrés ainsi que quelques boissons à leur convenance.
9,2km, la première heure, 9km la deuxième, pour l'instant
tout va bien. Marco a quelques minutes d'avance au moment de traverser le Tarn
et de revenir sur Millau. Le parcours a été relativement plat jusque là mais la
première des nombreuses difficultés se dresse maintenant devant les coureurs.
La fraîcheur physique permet de franchir sans trop d'encombres la (difficile)
côte de Peyreleau en haut de laquelle s'est posté le coach Marcel. Kilomètre
après kilomètre Tom sent malheureusement déjà quelques douleurs bien précoces
annonciatrices de souffrances futures. Ce sera long. Après trois heures de
course et un peu moins de 27km, Séverine se détache irrémédiablement de Tom.
Elle se sent très bien et gère parfaitement son début de course. La valse des
textos commencée dès les premiers kilomètres de course s'intensifie alors,
chacun des accompagnateurs et supporters s'inquiétant de l'évolution de ses
camarades de club.
Millau approche, la météo s'est momentanément assombrie et
Tom coince sérieusement, en proie à quelques violents dérangements gastriques
qui lui feront prendre trois pauses forcées tout au long du parcours. Le temps
de se soulager une première fois, de croiser Marcel au km 41 puis notre fan
club féminin dans Millau, de passer sur la ligne d'arrivée pour boucler les
42,195 km de la 1ère boucle (en 5h environ), et c'est reparti. Un pointage
permet d'évaluer l'écart entre Séverine et Tom : il est déjà de 15 minutes,
Marco étant toujours devant. Mais les nouvelles sont moyennes, il semble
coincer un peu à son tour. On le sait expérimenté ; ça ne suscite que peu
d'inquiétude. Les premiers kilomètres de la 2e
boucle emmènent les coureurs sous le viaduc par le biais de montées
successives. Le dernière est longue et pentue (+/- 8% sur un gros kilomètre) ;
la quasi totalité des coureurs la grimpe en marchant. Philippe y casse sa
chaîne et se hâte vers Millau pour trouver un réparateur après avoir demandé de
l’aide à Marcel. Mais ce dernier est bloqué par la circulation vers Tiergues et
bien trop loin pour lui être d’un quelconque secours. Tout est bien qui finit
bien, il rejoindra Marco un peu plus tard. A noter que Séverine, réjouie, a
laissé une impression de sérénité à Marcel lors de son entrée à Millau. Le
coach est alors certain qu’elle ira au bout.
Après la longue descente qui suit, Séverine rejoint Marco.
On est au 55e kilomètre. D'après Magalie, elle ne montre pas de signes de
fatigue et distance Marco assez rapidement. Chacun d'entre nous, que le soit
les VTTistes ou les nombreux supporters à distance, craignent qu'elle ne
s'enflamme. De son côté Tom continue sa route de plus en plus lentement, et les
pauses ravitaillements sont de plus en plus marquées, la faute à des jambes
répondant de moins en moins bien. Heureusement, le moral demeure au beau fixe.
Olivier l'encourage et le stimule autant que possible, se rendant bien compte
qu'il sera difficile de rejoindre la ligne d'arrivée, d'autant plus que le
parcours est sans cesse plus exigeant. Les descentes succèdent aux montées, les
faux-plats sont interminables et les portions plates quasi inexistantes.
Les premiers coureurs, sur le retour depuis une quinzaine de
kilomètres, croisent les vagues incessantes des coureurs anonymes encore sur le
trajet aller, le tout sous de nombreux encouragements mutuels et solidaires.
L'ambiance entre cent-bornards est topissime et le public, nombreux à chaque
ravitaillement, est enthousiaste alors qu'approche la fin de la journée.
Le jour décline lentement, les kilomètres défilent,
lentement eux aussi. L'heure est venue pour Tom d'aborder la côte de Tiergues,
longue de 5-6 kilomètres. Gravie exclusivement en marchant, elle bascule sur
une descente en direction de St-Affrique, lieu du demi-tour, synonyme de retour
sur Millau. En bas, il reste 29 kilomètres aux coureurs pour rejoindre
l'arrivée. Proches du sommet de la côte de Tiergues se trouvent les
supportrices et le coach. Ils peuvent donc voir passer, à l’aller et au retour
de St-Affrique, les Capsistes aux fortunes diverses. Séverine en tête, toujours
sur un bon rythme mais commençant à peiner dans les descentes, puis Marco,
stabilisant son retard sur Séverine autour de 15 minutes, et enfin Tom,
toujours victime de ballonnements handicapants et dont les jambes
s’alourdissent foulées après foulées ou plutôt, pas après pas. Tous ont eu
droit à des encouragements personnalisés de Marcel, voire à quelques
accompagnatrices foulées claudicantes. La portion 75e -90e km est un peu plus compliquée pour Séverine,
toujours flanquée de son St-Bernard bavard à VTT, mais le rythme baisse à
peine. Ses difficultés en descente s'accentuent et elle va désormais plus vite
dans les montées que dans les descentes. Mais l'arrivée est proche et rien ne
l'arrêtera plus. Marco tient toujours la cadence et s'approche lui aussi du
but. Tom a fait demi-tour à St-Affrique après une pause raisonnable et semble
avoir repris du poil de la bête. Les premiers hectomètres d'ascension se font
en petites foulées au moment où la nuit tombe. Mais la fatigue musculaire se
fait sentir, quelques frissons l'envahissent. Il enfile quelques vêtements
chauds tout en poursuivant la montée en marchant jusqu'au ravitaillement suivant
à 1,5 km du sommet. Il se couvre encore un peu plus, boit, mange et repart.
Mais les jambes ont subitement durci et les mètres se font de plus en plus
lentement et de plus en plus douloureusement. Malgré les encouragements
d'Olivier, il décide de jeter l'éponge après 77 km. Il est 21h05. Séverine et
Marco ont une bonne quinzaine de kilomètres d'avance et sont en train d’avaler
la dernière difficulté du jour avant de repasser sous le Viaduc de Millau et
rejoindre enfin l’arrivée. Le temps de rebrousser chemin sur 300-400 mètres
pour revenir au ravitaillement, Tom s'allonge dans la tente de secours en
attendant la navette qui le ramènera à Millau. Il rend son dossard, forcément
déçu mais avec la satisfaction d'avoir fait le maximum. Olivier prend son VTT et
parcourt les 23 km qui le séparent de la ligne d'arrivée en remontant la file
de coureurs anonymes encore au cœur de leur effort. Il ne manquera pas de les
encourager, un à un.
Il est 21h54 quand apparaît le débardeur bleu de Séverine
sur l'estrade d'arrivée, en 282e place (29e femme). Quelle perf époustouflante
! Marco suit, à la 327e place, 16
petites minutes après. Une broutille sur une si longue distance. Olivier
rejoint les deux arrivants à VTT vers 22h30, juste quelques minutes avant Tom.
Séverine se remet tranquillement d’un petit moment de faiblesse survenu peu
après la ligne franchie. Un repas est servi dans le gymnase, l’euphorie règne
autour de Séverine et Marco, chacun des onze protagonistes de ce week-end se
racontant cette belle journée.
Il est grand temps de regagner le camping pour une nuit de
sommeil réparatrice et forcément bienvenue, non sans avoir bu une bière. Après
l’effort, …
Un grand merci à toute l'équipe qui, par sa bonne humeur, a
contribué à la réussite de ce week-end et a bien aidé à surmonter la déception
de Marcel, mais c'est dit, il reviendra. Et Tom aussi vraisemblablement !!! En
tout cas, c'était encore un grand moment du Maratrail.
Vive le CAPS !